Clarissa

Qui suis-je ? (Partie 2)

Dans l’article « Qui suis-je ? (Partie 1) » a été dévoilée, sous une forme que certains décriraient comme un coming out, ma véritable identité de genre. Car au-delà de ce corps masculin que j’incarne depuis ma naissance se cache en réalité une femme. Mais comme il y a autant de situations qu’il y a d’individus, et que les vécus des personnes transgenres peuvent énormément varier, je vais exposer ici comment cette transidentité s’est manifestée jusqu’à aujourd’hui dans mon parcours de vie.

La première phase a été la petite enfance. Comme chez tout le monde, mes souvenirs sont relativement flous. Mais il y a un élément très clair que j’avais mis de côté pendant très longtemps et qui est inévitablement remonté à la surface : alors que j’étais un tout petit garçon âgé de seulement quelques années, je rêvais à tel point d’être une petite fille que je m’imaginais aller dans une machine (oui je sais, c’est bizarre) qui me transformait en fille. Je me souviens également que dans mes pensées je désirais intensément être coiffée de tresses, de rubans, et vêtue de robes. Je suis consciente que cela fait un peu cliché mais c’est pourtant bien réel. Et même si certains psychologues affirmeraient que ce genre de souhaits est possible chez les enfants en bas âge lorsqu’ils sont influencés par un facteur extérieur comme les parents ou leur entourage, je leur répondrais que dans mon cas leur raisonnement ne serait pas valide. Lorsque je me replonge dans mes souvenirs, ces puissantes aspirations à être une fille se manifestaient naturellement, du plus profond de mon for intérieur.

La deuxième phase a été celle de mon enfance, de mon adolescence, et de ma vie d’adulte jusqu’à il y a environ un peu plus d’une année. Cette période a été caractérisée par le refoulement. Doté d’un corps masculin et donc considéré tout-à-fait logiquement comme un garçon par mon entourage, j’ai grandi, évolué, et suis devenu un homme sans me poser plus de questions ou m’interroger sur ma véritable identité de genre. Durant cette longue période de ma vie, les indices de ma transidentité ont cependant été innombrables, mais je les ai toujours écartés en me persuadant que ce que je ressentais était normal, et en prétendant que j’étais simplement « un homme avec un esprit plutôt féminin ».
J’ai par exemple systématiquement attribué à un simple refus d’incarnation le fait de ne pas arriver à accepter mon corps ou me regarder dans un miroir sans voir un étranger ; ou au souhait ordinaire d’un homme cherchant une jolie robe pour une personne de son entourage mon éternelle et irrésistible envie d’aller visiter les rayons femme des magasins. Sans compter mon besoin inconscient de fréquenter des milieux majoritairement composés de femmes, dont j’ai toujours préféré la compagnie. Je pourrais écrire des pages et des pages sur tous ces signes, certains plus flagrants que d’autres, certains touchant une sphère plus intime que d’autres, et que j’ai largement ignorés alors qu’ils me révélaient pourtant la part la plus essentielle de moi-même.

Jusqu’au jour où deux événements capitaux ont fait basculer ma vie dans l’actuelle troisième phase.
La première expérience est décrite dans l’article « Une incroyable régression dans une vie antérieure ». Durant un « instant d’éternité » où j’ai eu l’immense chance d’accéder à l’une de mes autres incarnations, je me suis retrouvée dans un corps de femme avec un ressenti et des sensations en totale et parfaite adéquation. J’étais moi. Je l’étais enfin, complètement, avec un corps qui me correspondait et qui me permettait de vibrer et rayonner qui j’étais au plus profond de moi.
Les conséquences de cette expérience ont été multiples : la levée du refoulement a été instantanée et j’ai su qu’au-delà de ce corps masculin imposé par ma présente incarnation j’étais une femme. Je l’avais toujours été. Et pour la première fois dans cette vie, grâce à ces retrouvailles avec ma vraie nature féminine et cette connexion sublimée avec mon âme, j’ai ressenti un bonheur absolument immense lié au simple fait d’exister. Et ce bonheur était accompagné d’une gratitude sans limite envers la Source de toutes choses.
La deuxième expérience a été plus triviale, mais néanmoins non négligeable dans ses implications. Je me suis connectée, spontanément, pour la première fois de ma vie, à mon enfant intérieur. Ou plutôt, devrai-je dire, j’ai accepté de l’écouter. Car c’était comme s’il hurlait, encore et encore, depuis si longtemps, pour essayer de se faire entendre. Et l’élément clé n’a pas été le contenu du message ou le ressenti partagé, mais la nature de cet enfant intérieur ; ce dernier étant non pas un petit garçon mais… une petite fille.

Ainsi, me voilà désormais face à ce grand défi de la transidentité, à essayer de trouver jour après jour la meilleure voie pour concilier des sentiments très puissants mais opposés : d’un côté la grande souffrance de ne pas avoir un corps et un personnage social qui correspondent à qui je suis vraiment, et de l’autre la joie infinie d’être une femme au-delà de cette incarnation, ainsi que la profonde gratitude d’exister en tant que telle. Comme pour tout un chacun, je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait, mais une chose est certaine, pour rien au monde je ne retomberai dans le refoulement de ma vraie nature, quand bien même me dévoiler pourra être source de stupéfaction ou d’incompréhension. Et surtout je sais au fond de moi qu’un jour, même si cela arrivera dans une autre vie ou une autre dimension, je retrouverai ma complète féminité.

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