Je vais décrire dans cet article les principaux constituants de notre identité de genre. Car nous pouvons constater qu’au-delà de notre corps, qui détermine naturellement notre sexe dès la naissance, existent d’autres « parties » de nous qui peuvent manifester un genre ou l’autre.
- Notre corps physique. Celui-ci se développe dès la conception selon des chromosomes sexuels qui distinguent mâles et femelles. Certains organes, attributs et caractéristiques en dépendent et ainsi nous naissons avec un corps soit de garçon, soit de fille.
Bien que cette « matrice » principale de l’identité de genre puisse être en partie modifiée grâce à divers procédés (opérations, prise d’hormones, etc.) la transformation n’est que partielle et limitée entre autres par le code génétique de chaque individu. - Notre âme, notre « Soi supérieur », qui peut vibrer selon une éventuelle polarité masculine ou féminine dominante. Pour certaines personnes, cette dominance est évidente, pour d’autres, elle est plus floue. D’une part car ce que l’on appelle le « voile de l’oubli » rend difficile la connaissance de qui nous sommes vraiment au-delà de notre présente incarnation. Et d’autre part car cette polarité de genre dominante n’existe peut-être simplement pas chez tout le monde, du moins pas de manière constante ou définitive.
- Notre « soi inférieur », qui contrairement au « Soi supérieur » est dépendant du mental, et en permanence influencé par une myriade de pensées, raisonnements, et émotions provenant de notre organisme, de notre ego, ou de notre environnement. Dans la majorité des cas notre « soi inférieur » ne remet pas en question l’identité de genre déterminée par notre corps car il est en quelque sorte « programmé » à agir en accord avec elle. Cependant, certains événements ou par exemple une pression sociale peuvent complètement changer la donne.
- Notre enfant intérieur, mystérieux et pourtant bien réel. Celui-ci semble se situer un peu entre notre « Soi supérieur » et notre « soi inférieur » car il nous représente tel(le) que nous sommes aux prémices de notre actuelle incarnation, avant que nous ne soyons fortement influencé(e)s par nos propres expériences et le milieu social dans lequel nous interagissons.
Je pense que l’identité de notre enfant intérieur, petit garçon ou petite fille, ne peut pas changer, et que la majorité des personnes transgenres sont confrontées à une discordance de genre entre leur corps et leur enfant intérieur. - Notre personnage social, c’est-à-dire l’image que la société a de nous, comment nous sommes perçus par notre entourage mais aussi tous les individus qui croisent notre chemin. Le contrôle que nous avons sur cette représentation de nous est limité car ce qui est vu ou déclaré n’est qu’une apparence, interprétée et parfois déformée par toutes sortes de jugements. Mais c’est également la personne que nous sommes à un niveau administratif ou statistique, car nous sommes tous officiellement enregistrés en tant qu’homme, femme ou autre auprès de différents organismes.
Prenons quelques exemples :
Chez une personne cisgenre il y a correspondance entre le genre du corps, du soi inférieur et du personnage social. Au niveau de l’enfant intérieur et de l’âme, il y a très vraisemblablement correspondance, mais il peut arriver aussi que leur nature ne soit simplement pas « conscientisée », et ces deux éléments restent alors en retrait par rapport à l’identité de genre.
Chez une personne transgenre qui effectue ce qui est communément appelé une « transition » il y a discordance entre le genre du corps et le genre de l’enfant intérieur (et très vraisemblablement l’âme). L’individu modifie alors son corps pour atténuer cette discordance et effectue des démarches administratives pour également changer l’identité de genre de son personnage social.
Chez une personne transgenre qui n’effectue pas cette fameuse « transition » la situation est la même que chez la personne qui l’a réalisée, sauf deux points : son corps n’est pas modifié ni non plus son personnage social et elle s’efforce de vivre en acceptant cette discordance.
Les situations de refoulement, quant à elles, se jouent au niveau du soi inférieur : lorsque ce dernier ne « conscientise » pas la vraie nature de l’enfant intérieur ou de l’âme alors qu’elle ne correspond pas au corps, ou qu’il subit une pression sociale, il peut très bien faire en sorte de valider l’identité de genre du corps (et du personnage social). Jusqu’au jour où l’enfant intérieur et l’âme sont enfin écoutés…